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Décryptage des tendances de huit cours clés

#Analyses
22/07/2016 par Victor Gross

Dès les premières annonces de la victoire du Brexit, les premières perturbations ont été observées sur les marchés financiers. Un mois après, cette décision continue de peser lourd sur les cours de certaines matières premières. 

Aujourd’hui nous vous livrons une analyse des tendances des cours de huit matières premières, multi-sectorielles, que vous pouvez retrouver sur notre portail.


Coton : vents contraires sur le marché

Au début du mois de Juillet le cours sur le marché américain était assez équilibré et s’étalonnait autour des 63/64 cents la livre. On a cependant noté ces dernières semaines une augmentation brutale du cours qui tourne désormais autour des 70 cents.

Le Cotlook A, prix du coton parmi les plus faibles sur le marché physique dans les ports d'Orient, est quant à lui à la hausse et a pris 10 cents sur le dernier mois, avec une livre qui s’échange désormais à plus de 83 cents, la mousson indienne ayant tardé à arriver.

Seule constante pour l’ensemble des exportateurs, les stocks sont extrêmement faibles, voir nuls dans certaines régions. Même la Chine, qui détenait jusque-là 60% des stocks mondiaux a commencé à les liquider en mai dernier. La conséquence directe de cette cession s’observe sur les stocks actuels qui sont à leur plus bas niveau depuis 2010. Ceci contribue à soutenir le prix élevé de la livre de coton, déjouant de fait la plupart des pronostics qui annonçaient une chute des cours.


Caoutchouc : des cours très élastiques

De fin avril à mi-juin, les marchés ont enregistré une forte baisse des cours du caoutchouc naturel. Après la hausse marquée entre février et avril, le cours a subitement chuté pour s’établir autour des 150 Yens la tonne. Depuis un mois en revanche on assiste à une reprise du marché mondial soutenue par le marché de Shangaï, les prix du pétrole et la fermeté du yen vis-à-vis du dollar. Il faut rappeler que le caoutchouc est côté en Yen sur le Tocom, et est donc très sensibles aux variations de la monnaie japonaise.

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En revanche la demande mondiale est toujours en berne et la Chine, premier importateur mondial continue de ralentir la croissance de ses approvisionnements.


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Transport

L’indice du Fret maritime fait des vagues

Après avoir coulé jusqu’à toucher le fond début février, à 290 points, le Baltic Dry Index s’était bien repris en Avril pour culminer autour des 700 points. Après une nouvelle grosse chute début mai jusqu’à 610 points, l’indice s’est stabilisé autour des 600 points. Bien que très loin des anciens sommets, le cours global des matières premières sèches tirant par le bas le BDI, l’indice ne cesse de progresser depuis début juillet, retrouvant le niveau de l’automne dernier. Malgré les mauvaises récoltes dans certains pays européens, les campagnes agricoles estivales contribuent beaucoup à cette remontée de l’indice qui a augmenté de plus de 16% sur le mois dernier.

Tout roule pour le transport routier

Avec +3,34% depuis décembre sur les 40T (données du Centre National Routier), l’indice est au plus haut depuis août 2015. Cet indicateur met en avant la timide reprise économique du pays constatée depuis quelques mois.


Zinc : Une forte tendance haussière 

Très nette hausse du zinc avec 13% sur le dernier mois. Le métal poursuit sa très belle embellie avec 52,95% de hausse de son cours depuis janvier. La tonne s’échange aux alentours de 2250 dollars sur le London Metal Exchange. Le métal est au plus haut depuis juillet 2015. Cette hausse est à mettre en partie sur le compte de la forte baisse de la production minière estimée à 14% sur le premier trimestre 2016.

Les stocks baissent au LME comme en Chine, ce qui devrait continuer d’assurer un cours bien soutenu pour les prochains mois. Reste à savoir comment le Brexit influencera le cours des métaux côtés à Londres à plus long terme, puisque l’ensemble des métaux sont côtés en dollars et que la corrélation de courbes métaux/dollars est très forte.


Nickel : une reprise timide du marché

Le métal brut continue ses allers retours autour de la barre des 9000€/ tonne avec une légère hausse structurelle. La brusque envolée des prix observée en Juin s’explique en partie par le préavis de grève des mineurs colombiens du complexe industriel du Cerro Matoso, l’une des plus grandes mines de nickel du monde. Mais cela ne devrait pas constituer le principal « driver » de la hausse du nickel sur les prochains mois.

Les stocks du LME continuent de baisser et sont passés sous la barre des 380 000 tonnes, ce qui laisse présager le prolongement de cette tendance haussière. Parallèlement, la guerre des prix continue de faire rage entre le LME et le SHFE (Bourse de Shanghai) puisque la place européenne propose un métal plus cher de 150€ /tonne.


Cuivre : un cours globalement stable

Le cours du cuivre, après un gros décrochage en mai s’était stabilisé et la tonne s’échangeait fin juin aux alentours de 4800 €. Suite au Brexit, le cours a ensuite fléchi de presque 200 € avant de retrouver un niveau stabilisé autour des 4900 €.

Les analystes de Commerzbank rapportent un déficit de l’offre de plus de 40 000 tonnes sur le premier trimestre ce qui devrait permettre de soutenir encore un peu le cours du cuivre, au moins à moyen terme.

L’ICSG (International Copper Study Group) estime quant à lui que la demande chinoise (+7%) plus forte que l’offre de production (+5%) va tirer le cours vers le haut.

Cette hausse serait principalement imputable aux réductions de production de grande envergure annoncées depuis septembre dernier, certains larges complexes miniers ayant décidé de cesser leur extraction face à la chute vertigineuse du second semestre 2015.


Pétrole : un début d’été compliqué

Après le pic observé début juin pour le WTI et le Brent Européen qui se sont échangés respectivement jusqu’à 48$ et 50$ le baril, la chute a été brutale et continue.

La hausse du début de l’été s'explique notamment par la crainte des pénuries de stocks, mais les productions iraniennes (avant l'embargo) et irakiennes en plein boom ont répondues aux pénuries canadiennes et nigérianes.

Après ce pic début juin le Brexit a fait chuter les cours pétroliers d’environ 5$, cependant une baisse structurelle semble peu probable.

Les économistes de la Commerzbank et les analystes de Reuters voient un baril stable sur l'ensemble de 2016 avec des prévisions autours de pour le 47 Brent et de 45 pour le WTI, ce qui est finalement assez proche de leur niveau actuel.

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Aluminium : métal industriel en perte de vitesse

Après une hausse soutenue de son cours à partir de mi-mai, avec un maximum à 1682 €/T au LME, l’aluminium a vu son cours s’effondrer brutalement le 16 juillet dernier.

Les cours des métaux industriels de base s’étaient montrés très peu sensibles au Brexit, l’aluminium ne faisant pas exception à cette observation. Cependant, comme annoncé, les cours se sont rapidement effondrés, victimes de la surabondance avec des marchés amplement fournis, les stocks étant relativement hauts.

Alcoa table sur une offre mondiale déficitaire d'environ 1,2Mt pour 2016. Cela n’empêche pas la Chine de continuer à dicter sa loi sur le marché de l'aluminium en imposant une guerre des prix à la baisse. D’ici la fin de l’année la consommation d’aluminium progresserait de 8% en Chine selon les experts.



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